Le professeur David Goodall

Associated Press, PHILIPP JENNE, 10 Mai 2018

LIESTAL, Suisse (AP) – D’après un groupe de défense, un biologiste âgé de 104 ans qui avait attiré l’attention du monde entier en revendiquant son droit à mourir, a mis fin à ses jours ce jeudi en Suisse.

L’association Exit International, qui a aidé David Goodall à mettre son projet à exécution, a annoncé que le décès du chercheur avait été constaté à 12h30 à Liestal, ville de la périphérie de Bâle où il s’était rendu pour bénéficier de la loi suisse sur le suicide assisté.

« Ma vie est plutôt médiocre depuis un an environ. Et je suis très heureux d’y mettre fin, » avait déclaré jeudi le savant dans la pièce où il est décédé peu de temps après.

Le chercheur britannique racontait cette semaine qu’il réfléchissait à l’idée du suicide depuis presque 20 ans, mais n’y avait pensé pour son propre compte qu’à partir du moment où sa qualité de vie s’est détériorée, depuis un an.

Il se plaignait entre autres de problèmes de mobilité, de contraintes médicales et de la loi australienne lui interdisant de se donner la mort ; mais il n’était pas malade.

Le suicide assisté est légal en Suisse, où la procédure est ouverte à toute personne reconnaissant par écrit mettre fin à ses jours de son propre gré, sans y être forcée. Mais cette pratique est peu appréciée de nombreux médecins, entre autres, pour lesquels seuls les malades en phase terminale devraient y avoir recours, alors que Goodall et ses sympathisants veulent que ce choix devienne un choix de plein droit pour les personnes âgées saines d’esprit.

Mercredi, Goodall a affirmé lors d’une conférence de presse très suivie que le suicide médicalement assisté devrait être plus largement disponible.
« A mon âge, et même un peu avant, on veut être libre de choisir la mort et le bon moment pour mourir », a-t-il dit.

Chaque année, des centaines de personnes – dont certaines sont bien plus fragiles que Goodall, en chaise roulante – vont en Suisse pour se donner la mort. Le plus connu des groupes aidant les étrangers à finir leurs jours dans les montagnes suisses est Dignitas, mais il y en a d’autres, comme Lifecircle à Bâle, que Goodall a choisi.

Goodall a mis fin à ses jours avec une perfusion de pentobarbital, produit d’utilisation courante comme anesthésiant mais létal à plus forte dose. C’est un médecin qui place le cathéter dans son bras, et Goodall qui actionne la mollette pour faire couler la solution, nous explique Exit International.

Philip Nitschke, directeur d’Exit International, précises qu’avant d’activer la perfusion, Goodall avait dû répondre à « plusieurs questions sur son identité, le lieu où il se trouvait et ce qu’il allait faire ».

“Il a répondu très clairement à ces questions, il a activé la mécanisme », tandis que se faisait entendre en fond sonore la Neuvième Symphonie de Beethoven, a-t-il ajouté.

Ses dernières paroles avant de perdre conscience ont été « ça prend pas mal de temps », dit Nitschke, mais « il est mort peu après ».

Selon Exit International, Goodall a demandé que son corps soit donné à la science, ou que ses cendres soient dispersées dans les environs.
“Il ne souhaite pas d’enterrement, pas de service funéraire ni de cérémonie », a déclaré l’association. « David ne croit pas à la vie après la mort ».

Le bureau fédéral suisse de statistiques constate que le nombre de suicides assistés augmente rapidement : il y a neuf ans, il y en avait 297. En 2015 lors du dernier décompte, on en a compté plus du triple, pour un total de 965 cas. L’an dernier, environ 15% concernaient des personnes de plus de 65 ans.

A noter : L’expérience du Professeur David Goodall a si fortement motivé Ruedi Habegger et les autres personnes impliquées dans sa mort qu’ils ont créé l’association suisse Pegasos.

Pegasos agit en souvenir du Professeur David Goodall.